Après avoir évoqué l'organisation du Prix Roblès auquel nous allons participer cette année, nous avons fait notre petit tour de table habituel et mis en avant les livres suivants :

"Editeur" de Emile Brami

Portrait du monde de l'édition sous forme d'une grosse farce. Eric Benarous, écrivain, rencontre Bernard Cisse, entrepreneur cousu d'or. Il est en train de créer une maison d'édition qui s'appellera "Double Cisse". Il propose à Elie d'en devenir le Directeur éditorial : celui-ci accepte et se retrouve confronté aux aléas du métier : cohabitation avec un patron mégalomane et imprévisible, rapports conflictuels au sein de l'équie qu'il dirige, avalanche de textes illisibles, etc... mais il connaît aussi l'immense bonheur de partir à la recherche de talents ignorés, d'en découvrir quelques-uns et de pouvoir les publier.

- "Duel" de Arnaldur Indridason

Eté 1972 : Reykjavik est envahi par les touristes venus assister au championnat du monde d'échecs qui oppose l'américain Fischer et le russe Spassky. Au même moment, un jeune homme sans histoire est poignardé dans une salle de cinéma. Le commissaire Marion Brem est chargé de l'enquête au cour de laquelle certains éléments vont faire ressurgir son enfance marquée par la tuberculose et la violence de certains traitements de cette maladie. L'affaire tourne au roman d'espionnage. Ce nouveau roman d'Indridason est difficile à lâcher tant l'ambiance, l'épaisseur des personnages, la qualité d'écriture et l'intrigue sont prenantes.

- "Le Collier rouge" de Jean-Christophe Rufin

A la fois le collier du chien, un des personnges centraux du roman, et le rublan de la Légion d'Honneur. Les deux vont se croiser dans cette histoire qui met en scène la vraie-fausse décoration d'un chien à la fin de la guerre de Quatorze avec tout  ce que cela comporte de scandaleux à l'époque. Plus qu'un roman de guerre, un roman des bilans de guerre : la vraie victoire c'est de ne pas faire la guerre. C'est pour cela que le livre évoque les fraternisations et les mutineries de 1917, ce moment d'une autre fin possile de la guerre, c'est-à-dire une guerre sans victoire. Magnifique roman.

- "Les Identités meurtrières" de Amin Maalouf

Amin Maalouf s'interroge sur la notion d'identité, sur les passions qu'elle suscite, sur ses dérives meurtrières. Nos sociétés seront-elles indéfiniment soumises aux tensions, aux déchaînements de violence, pour la seule raison que les êtres qui s'y cotoient n'ont pas tous la même religion, la même couleur de peau, la même culture d'origine ?

- "M. Penombre, libraire ouvert jour et nuit" de Robin Sloan

Quand Clay Jannon est embauché dans la librairie de l'étrane M. Pénombre, il découvre un lieu aussi insolite que son propriétaire et fréquenté par les membres d'un drôle de club de lecture. Les livres sont tous écrits en code. Quelle obscure révélation renferment-ils ?

Prochaine rencontre : vendredi 4 avril......

"Le rire du grand blessé" de Cécile Coulon

Dans un pays sans nom dirigé par "le Grand", les "manifestations à hauts risques" (lectures hebdomadaires et payantes) ayant lieu dans des stades sont la garantie de l'ordre social. Le spectacle commence dans les rangées des "consommateurs". Encadrés par des gardes, ils laissent libre cours à leurs émotions. "1075", né dans une campagne reculée est parfaitement analphabète comme tous les autres gardes. Formés dans des conditions extrêmes, ces jeunes gens ont pour unique et simple règle de ne jamais apprendre à lire. "1075" devient le meilleur des agents. Sa vie bascule le jour où, mordu par un chien, il doit être hospitalisé. Il s'ennuie, s'en veut de ne pas avoir été à la hauteur de sa tâche jusqu'à ce qu'il ait l'occasion d'assister à une leçon d'alphabet... Fable qui dénonce une société qui soumet la conscience par le divertissement et désigne l'imagination comme l'ennemi public n°1. (en commande par la médiathèque)

"Dans la maison de l'autre" de Rhidian Brook

Hambourg, 1946 : la ville est en ruines et la nation brisée. Si la guerre est terminée, la vie peine à reprendre ses droits.

Lewis Morgan, Colonel de l'Armée Britannique, est chargé de superviser les opérations de reconstruction du territoire et de dénazification de la population. Il s'installe dans une somptueuse villa réquisitionnée à son intention avec son épouse et leur dernier fils encore en vie. Touché par leur situation, le Colonel propose aux propriétaires des lieux, un architecte allemand, veuf, et sa fille adolescente, de rester. Les deux familles partagent le même toit. Comment supporter une telle situation ? Roman qui invite à réfléchir sur la culpabilité, le pardon (en commande par la médiathèque)

"La pendue de Londres" de Didier Decoin

Inpiré d'une histoire vraie qui a défrayé la chronique dans l'Angleterre de l'après-guerre, celle de la dernière femme condamnée à mort et exécutée par pendaison au Royaume Uni.

La victime et son bourreau, deux portraits, empreints d'humanité, deux destins en marche l'un vers l'autre. Une Angleterre d'après-guerre plus vraie que nature. Didier Decoin parvient, grâce à une écriture admirable, à faire vibrer la corde sensible de son lecteur.

"Le vent qui gémit"  de Tony Hillerman

L'essentiel de l'oeuvre de Tony Hillerman nous plonge dans la vie du peuple navajo. Pour cela, il nous fait partager la vie de membres de la Police Tribale Navajo. Dans "le vent qui gémit" l'agent Bernadette Manuelito découvre, au fond d'une ravine, un cadavre sur le siège d'un pick-up truck. A première vue, ce décès n'est pas un meurtre, c'est un excès d'alcool. En attendant l'ambulance, elle s'adonne à sa passion : la botanique. Pour cela elle ramasse à côté du véhicule une petite boîte métallique. C'est une erreur : il s'agit en fait d'un meurtre et le contenu de cette boîte en est le mobile. Pour réparer cette erreur, son supérieur, Jim Chee, fait appel à Leaphorn un ancien policier également chaman. Cette intrigue policière nous conduit à découvrir l'histoire du peuple Navajo qui, au milieu du XIXème siècle, devrait faire face à l'avidité et à la soif de l'or des européens. La résolution de cette affaire conduira Laephorn à rouvrir une affaire plus récente mais non résolue. Par la dimension de ses intrigues et la dimension anthropologique qu'elle comporte, l'oeuvre de Tony Hillerman mérite d'être découverte.

"Le dernier lapon" de Olivier Turc

Le soleil, disparu depuis quarante jours, revient quand débute cette histoire. Un vol a été constaté au musée d'une charmante bourgade de Laponie. L'affaire est confiée à la "police des rennes". Leur tâche va se compliquer avec le meurtre d'un éleveur de rennes justement... Du passé surgissent de vieilles querelles, de lourds secrets... Journaliste en poste à Stockholm, Olivier Turc connaît bien la région et son histoire, en particulier celle du peuple Sami, le vrai nom des lapons. Ce qu'il nous apprend est passionnant.
Thriller magnifique et prenant écrit par un auteur au style direct et vigoureux.

"L'Année brouillard" de Michelle Richmond

Sur une plage de San Francisco nappée d'un épais brouillard, une petite fille de six ans, Emma, et la fiancée de son père, marchent en cherchant des coquillages. Abby détourne un instant son regard d'Emma, quand elle relève la tête, la petite fille a disparu. L'angoisse et la panique s'installent. L'enquête piétine. Abby prend les hoses en mains et nous emmène à des kilomètres de là vers une découverte stupéfiante !

Roman psychologique à suspens porté par une écriture visuelle et minutieuse.
Exploration impitoyable de la disparition d'une enfant.

"Canada" de Richard Ford

Août 1960 : le jeune Dell grandit paisiblement dans une petite ville du Montana entre une soeur jumelle qui ne songe qu'à s'enfuir, une mère juive étouffée par le poids des regrets et un père retraité de la Royal Air Force. La vie moyenne d'une famille de la classe moyenne américaine au milieu de nulle part. Un jour, tout dérape : les parents sont arrêtés par la police, ils ont braqué une banque... pour seulement 2000 dollars !

Interrogatoire, prison, Dell et sa soeur sont séparés. Pour éviter l'orphelinat, Dell part pour le Canada où il est "recueilli" par un étrange personnage au passé troule... Ce qui prime, c'est le récit de Dell des années plus tard qui cherche à débusquer le sens d'une vie, ce sont les instants qui mènent à la sortie de roue. Comment dérapons-nous ? le destin ? les rencontres ? Dell doit assumer les faux, pas de ses parents immatures, lui qui rêvait d'études, de jeux d'échecs et d'apiculture se retrouve coincé dans un pays qu'il n'a pas choisi, dans une vie qu'il n'a pas souhaitée.

"Esprit d'hiver" de Laura Kashiske

Le jour de Noël, Holly se retrouve seule pour les préparatifs avec Tatiana sa fille adolescente. L'action se déroule sur une seule journée, un huis clos entre la mère et la fille. Tandis que le blizzard coupe la maison du Michigan du reste du monde et de la famille, le comportement de Tatiana se fait de plus en plus étrange. La jeune fille change d'humeur, de tenue, s'enferme dans sa chambre puis resurgit !

Atmosphère oppressante, suspens, tention, tout au long du roman jusqu'à la fin, totalement inattendue !

"Sang et volupté à Bali" de Vicki Baum

Début du 20ème siècle, les hollandais cherchent à conquérir Bali. La résistance s'organise. Tout au long de ce roman, inspiré d'une histoire vraie, alternent le point de vue des hollandais et celui de deux amis balinais. L'un des deux est soucieux de ménager la tradition, l'autre, ayant plus de recul, refuse la fatalité de la vie. Belle écriture, poétique. Les portraits sonnent juste.

"La femme a 1000 °" de Hallgrimur Helgason

Herra est la petite fille du premier Président de l'Islande. Agée de 80 ans, elle vit dans son garage avec son ordinateur portable, une vieille grenade datant de la seconde guerre mondiale, une provision de cigarettes (le décor est planté !). Fille d'une paysanne et d'un père nazi, mariée quatre fois, sa vie a été mouvementée. Elle nous fait partager ses souvenirs alors qu'atteinte d'un cancer elle se trouve à la fin de sa vie (elle a déjà pris rendez-vous pour sa crémation, d'où le titre du livre !)

"Kinderzimmer" de Valentine Goby

Histoire de Mila qui arrive en 1944, enceinte, au camp de Ravensbruck. Elle a été arrêtée pour faits de résistance. Descriptions très précises des conditions de vie dans ce camp (promiscuité, faim, peur, odeurs, etc...) Mila garde son secret le plus longtemps possible car, ne voyant aucun bébé dans le camp, elle craint que cet enfant ne l'envoie à la mort.

Après la naissance du bébé, elle va découvrir la "kinderzimmer" : un block réservé aux bébés où les conditions de vie ne sont pas meilleures que dans le reste du camp. Cet enfant est son seul espoir pour survivre...

Face à l'horreur du camp, on découvre qu'il existe une solidarité, de l'entraide chez les femmes qui entourent Mila. Un ivre très fort sur un sujet difficile, une histoire bouleversante.

"La grâce des brigands" de Véronique Ovaldé

A 16 ans, Maria Cristina Vaatonen a fui le grand nord canadien (la petite ville de Lapérouse), une mère bigote, un père sinistre et une soeur jalouse. Elle a choisi les mirages de la Californie et va y rencontrer le succès en publiant "La vilaine soeur", un roman autobiographique dans lequel elle règle ses comptes avec les siens. Roman poignant sur l'émancipation féminine, thème cher à Véronique Ovaldé.

"Arthus Bayard et les maîtres du Temps" de Laurent Bettoni

L'histoire d'un garçon de 14 ans qui voyage dans le passé au péril de sa vie pour combattre les puissances maléfiques qui agissent contre le cours du temps. Dans l'histoire, demain s'écrit "hier"... Un livre "ado", premier tome d'une série qui s'annonce prometteuse !

"Vertige" de Franck Thilliez

Un homme se réveille au fond d'un gouffre, au coeur d'un environnement hostile, deux inconnus et son fidèle chien comme compagnons d'infortune. Il est enchaîné au poignet, l'un des deux hommes à la cheville et le troisième est libre mais sa tête est recouverte d'un masque effroyable qui explosera s'il séloigne des deux autres. Qui les a emmenés là ? Pourquoi ? Bientôt, une autre question s'imposera : jusqu'où faut-il aller pour survivre ?

"Les perroquets de la Place d'Arezzo" de Eric Emmanuel Schmitt

Les habitants de la Place d'Arezzo reçoivent tous une lettre anonyme "Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime" signé "tu sais qui". Chaque personnage va réagir, à sa façon, selon son vécu et sa sensibilité. Ce roman est une vairation sur les comportements amoureux et sexuels des hommes et des femmes de notre temps, essentiellement dans un mileu bourgeois.

Prochain rencontre : vendredi 13 décembre.

Après deux mois de séparation, nous nous sommes retrouvés avec grand plaisir...

Après avoir évoqué notre périple à la forêt des livres de Chanceaux Près Loches, nous nous sommes mis "au travail" pour divulguer nos petits coups de coeur du moment avant d'affronter la "rentrée littéraire"!!

Un peu dans le désordre, sans doute, je vais essayer de faire le tour des livres dont nous avons parlé (pardon pour les oublis, une fois de plus)

"Désordre" de Penny Hancock

Sonia, la quarantaine, mène une vie confortable dans sa jolie maison des bords de la Tamise (ce fleuve a une grande importance dans le roman). Mais, depuis que son mari, Greg, multiplie les déplacements à l'étranger et que leur fille Kit est partie à l'université, son existence lui pèse. Lorsque Jez, le neveu d'une de ses amies vient frapper à sa porte pour emprunter un CD, elle décide de ne plus le laisser partir. Elle se met à nourrir une inquiétante obsession pour la jeunesse de Jez.

Terrifiante histoire de folie, suspens infernal, une tension extrême se dégage de ce roman qui l'on a du mal à quitter...

"La grande embrouille" de Eduardo Mendoza

Un détective reprend du service dans une Barcelone frappée par la crise. Le beau Romulo, son ancien compagnon d'asile psychiatrique, a disparu. Pour le retrouver, et sans un euro en poche, le détective n'hésite pas à réunir une équipe d'"enquêteurs" composée d'une statue vivante des ramblas (!) d'un mendiant africain albinon (!), d'un livreur de pizzas, d'une fillette spécialisée dans le crochetage de serrures, d'une russe accordéoniste de rue et d'une famille chinoise qui régente un bazar à côté du célèbre salon de coiffure transformé en quartier général... Bref, cette fine équipe va être amenée à déjouer un attentat !! Roman désopilant, complètement décalé et en même temps d'une grande lucidité. Auteur du "Mystère de la crypte ensorcelée", du "Labyrinthe de olives", entre-autres, l'oeuvre de Mendoza est une des plus importantes de la littérature espagnole contemporaire qui le place parmi les grands écrivains mondiaux.

"Profanes" de Jeanne Benameur

A 90 ans, Octave, vieil homme solitaire, décide de "réussir son entrée" en réunissant quatre personnes soigneusement choisies pour l'escorter "jusqu'au bout"...

Cinq histoires différentes, cinq mondes étrangers vont se cotoyer et même si Octave a un projet en tête, il entre une large part d'inconnu dans cette aventure qui commence.

Par petites touches, l'auteur va nous faire sentir les liens qui vont se créer entre les personnages. La grande force de ce roman vient de cette langue économe, de ces mots choisis, qui, par bien des côtés s'inscrit dans l'esprit des haïkus..

Un très grand moment de lecture... totalement bouleversant !

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa"

Un fakir indien répondant au nom de "Ajatashatru" que l'on peut prononcer "achat d'un chat à tous" débarque à Roissy direction "Ikéa" afin d'acheter un nouveau lit à clous... on est, dès le début du roman, dans l'"ambiance"!!! Il va traverser de nombreux pays enfermé dans des armoires, des valises, bref, tout ce qu'il y a de plus ordinaire..

Ce roman, complètement farfelu en apparence, aborde également la dureté de l'exil et le quotidien très difficile des réfugiés et de tous ceux qui tentent de survivre loin de chez eux. Un premier roman plein de promesses... à conseiller..

"Sanctuaire ardent" de K. Mosby

Dans une petite ville de Virginie, Willard Daniels, propriétaire du plus beau domaine de Winsville, revient avec son épouse, Vienna, femme belle et cultivée. Son arrivée suscitera beaucoup de curiosités et de cancans. Malgré la naissance de deux enfants, Willard quittera Winsville sans y revenir ; Vienna devra faire face seule à l'éducation de Willa, déjà libre et indocile comme sa mère et d'Elliott, petit lutin passionné par les oiseaux... Très beau portrait de femme et belle évocation du Sud encore tourmenté par la ségrégation. Ce roman peut faire penser, à plus d'un titre, à "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee.

"Les larmes du diable" de C.J. Sansom

Dans le Londres étouffant de l'été 1540, les esprits s'échauffent : la jeune Elisabeth Wentworth vient d'être reconnue coupable du meurtre de son cousin. Du fait de son étrange comportement, tous la croient habitée par le démon. Tous, sauf son oncle et Matthew, bien décidé à découvrir la vérité. Ce dernier devra, pour prouver l'innocence d'Elisabeth, retrouver la formule du feu grégeois, "les larmes du diable", arme redoutable, inventée par les alchimistes byzantins. Il a 12 jours pour réussir... un terrible compte à rebours est commencé...

"A moi seul bien des personnages" de John Irving

Dans ce roman, l'auteur nous parle du désir, du secret, de l'identité sexuelle.

Billy, le narrateur bisexuel, personnage principal du roman, raconte les aventures tragi-comiques de sa vie de "suspect sexuel" expression déjà employée par l'auteur en  1978 dans son livre "Le monde selon Garp". Solitude d'un homme qui veut devenir "quelqu'un de bien" mais de l'humour, toujours de l'humour arraché à la tristesse et à la mélancolie.

Encore une belle rencontre, de nombreux échanges intéressants... on se retrouve le vendredi 4 octobre pour de nouvelles aventures !!

Merci à vous tous...

Cat

Nous nous sommes retrouvés avec plaisir après un mois et demi d'interruption....

De belles idées de lectures ont été proposées, comme d'habitude :

"La disparition de Jim Sullivan" de Tanguy Viel aux éditions de Minuit

Tanguy Viel, auteur français né à Brest, décide d'écrire un roman amériacain en nous expliquant le pourquoi ("même quand ils placent l'action dans le Kentucky au milieu d'élevages de poulets et de champs de maïs, ils parviennent à faire un roman international !)

- le personnage principal s'appellerait Dwayne Koster

- il enseignerait à l'université

-il aurait 50 ans

- seraait divorcé

- Suzan, son ex femme, aurait pour amant un type qu'il détestait !

Avec beaucoup d'humour, il nous livre les coulisses de l'écriture d'un roman "américain".

L'histoire roule toute seule entre les descriptions des grands espaces américains, des références obligées à la guerre en Irak et aux attentats du 11 septembre, une intrigue policière avec un agent du F.B.I., de l'amour, des motels, des bars, des voisins sympathiques, des barbecues le dimanche, etc... On se prend à se souvenir de tous les livres que l'on a lus et qui utilisaient les codes du roman "américain".

" La première chose qu'on regarde" de Grégoire Delacourt aux éditions J.C. Lattès

Tout semble invraisemblable ! Que l'actrice américaine, Scarlett Johansson, frappe à la porte d'Alfred Dreyfus, 20 ans, garagiste, habitant à Long, petite commune de 687 âmes !

S'en suit un flash-back sur la vie d'Alfred, sur son enfance tragique (il a perdu sa jeune soeur et devra grandir dans l'ombre d'une disparue et le chagrin d'une mère).

Ce qui fait la réussite de ce roman, c'est le mélange d'humour et de désespoir qui s'entremêlent au fil des pages. Par exemple, lorsqu'il décrit une scène romantique du couple allongé sur le tapis, il casse l'effet "eau de rose" par une précision sur ce même tapis (Ikéa 133x195)...

Roman sur la solitude, sur la recherche de soi et la quête d'amour. Le personnage principal comprend qu'on n'est jamais aimé pour soi mais pour ce qu'on comble chez les autres.

"L'homme qui savait la langue des serpents" de Andrus Kivirahk aux éditions Attila.

Il y a fort longtemps, les estoniens vivaient au coeur de la forêt en totale harmonie avec la nature. Et puis, de la mer, sont venus les chevaliers allemands et avec eux la modernité et le christianisme. Eblouis par ces hommes de fer, convaincus par les moines, ils ont peu à peu quitté les bois pour vivre dans des villages, cultiver la terre et adorer Jesus Christ !

Leemet, le héros du livre, est né au village mais est revenu vivre dans la forêt où il a appris la langue des serpents.

Ce roman est magnifique à plus d'un titre, il peut toucher de nombreux lecteurs :

- les "écolos" car c'est une véritable ode à la nature

- les amateurs de fantastique (histoire épique d'un cul de jatte pouvant s'élever dans les airs !)

- les "assoiffés de sang" (récits de batailles sanglantes, de morts atroces et de rites sacrificiels)

- ceux qui apprécient l'humour (tournure comique de certaines scènes)

- les historiens (nous apprenons beaucoup sur la culture estonienne, ses mythes, ses légendes)...

L'auteur fait un constat : le progrès est inéluctable, on peut choisir de s'y soustraire, en toute connaissance de cause, quitte à être le "dernier".

Il y aurait encore beaucoup à dire.... belle écriture, passionnant, vraiment, totalement hors du commun !

"Les funérailles célestes" de Xinran aux éditions Pocket

Xinran dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique.

En 1956, Wen et Kejun sont de jeunes étudiants en médecine, remplis de l'espoir des premières années du communisme en Chine. Par idéal, Kéjun s'enrôle dans l'armée comme médecin. Peu après, Wen apprend la mort de son mari sur les plateaux tibétains. Refusant de croire à cette nouvelle, elle part à sa recherche et découvre un paysage auquel rien ne l'a préparée - le silence, l'altitude, le vide, sont terrifiants. Après trente années d'errance, on opiniâtreté lui permet de découvrir ce qui est arrivé à son mari... (ce livre est en commande par la médiathèque)

"Les âmes grises" de Philippe Claudel éditions Poche

Une jeune enfant est retrouvée morte sur les berges d'un petit cours d'eau. Nous sommes en hiver 1917. Sur fond de Première Guerre Mondiale, on assiste aux réactions des villageois après "l'affaire". Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d'une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.

"Dix rêves de pierre" de Blandine Le Callet aux éditions Stock

Blandine Le Callet réunit dans ce recueil des épitaphes authentiques à partir desquelles elle imagine les dernières heures, les derniers jours ou les derniers mois du défunt. Elle a choisi des épitaphes d'époques différentes, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, et d'origines géograhiques diverses. Le recueil est donc une promenade dans l'espace et le temps. Mais les histoires sont reliées par un "fil rouge" : une figure récurrente, qui traverse chaque histoire en s'y intégrant chaque fois de façon différente.

" Dans la peau de Sheldon Horowitz" de Derek B. Miller aux éditions Les Escales

Après la mort de sa femme Mabel, Sheldon Horowitz, horloger à la retraite de 82 ans, quitte New York pour alle vivre avec sa petite fille Rhea et son compagnon à Oslo. La Norvège ne sera pas de tout repos pour le vieil homme : un jour qu'il est seul chez lui, sa voisine se fait assassiner par un gang de Kosovars. Sheldon décide de fuir avec le petit garçon de cette voisine, pour eux, la cavale commence...

Dans ce livre, plusieurs points de vue alternent : l'enquête de la police, la quête des Kosovars pour retrouver l'enfant disparu, l'inquiétude de Rhéa et de son mari, tous deux persuadés que Sheldon souffre de démence sénile.

Très beau roman qui amène à réfléchir sur l'âge, le deuil, la patenité. Un magnifique portrait de la Norvège avec de très belles descriptions de paysages proches d'Oslo.

"La mer, le matin" de Margaret Mazzantini aux éditions Robert Laffont

Pour raconter la "grande histoire", la romancière a croisé deux petites histoires imaginaires, celle de Jamila qui fuit les violences lubyennes avec son fils Farid en s'embarquant sur les côtes italiennes et celle d'Angelina, une italienne née à Trioli qui en fut explusée à l'âge de 11 ans pour échouer en Sicile et y êtr rejetée par ses compatriotes.

Un magnifique roman, superbement écrit, un grand moment de lecture !!

Autres livres évoqués : "Homo Erectus" de T. Benacquista," Néfertiti dans un champ de canne à sucre" de P. Jaenade, "Le diable de Milan" de Martin Sutr, "Le chinois" de H. Mankell, "Ne t'inquiète pas pour moi" de Alice Kuipers, "Cherchez la femme" de Alice Ferney, etc... etc...

Prochaine réunion : le vendredi  5 juillet. 

Présentation d'une sélection de livres "pour l'été" par la Librairie Chantelivre : le vendredi 28 juin, à 18 heures, à la médiathèque. Je vous y attends nombreux...

Cat.